Diversifiez votre épargne avec le prêt aux PME
Ces nouvelles solutions de placement sont encore peu connues du grand public. A condition de rester prudent, les prêts aux PME peuvent assurer de belles rentabilités. Nos explications.
Certes, le prêt en ligne aux PME n’a encore que deux petites années d’existence. Et Finsquare, l’une des plates-formes présentes sur le créneau, qui n’avait pas grossi assez rapidement, s’est déjà fait racheter par un concurrent…
Reste que ce type de placement n’est pas à négliger, ne serait-ce qu’à cause des rémunérations alléchantes qu’il promet, comprises entre 4 et 12% par an. C’est également l’un des rares investissements ayant convaincu le gouvernement de créer une nouvelle niche fiscale, pour en limiter le risque de perte en capital. Son dernier coup de pouce en date permet même aux PME, depuis la fin du mois d’octobre 2016, d’emprunter par ce biais jusqu’à 2,5 millions d’euros par an, contre un plafond de 1 million auparavant. Que cela ne vous empêche cependant pas de rester prudent. « J’y ai investi 5% de mon épargne en répartissant la mise entre dix entreprises différentes », détaille ainsi Edouard Baduel, cadre parisien de 34 ans, prêteur sur la plate-forme Bolden.
>> PRÊT AUX PME
Rentabilité: de 4 à 12% avant impôts
Perte potentielle: jusqu’à 100% de la mise initiale
Durée: de 3 mois à 7 ans
Rendement: devrait rester stable en 2017
C’est une obligation incombant à toutes les plates-formes de prêts aux PME : elles doivent tenir à jour leur taux de défaut, c’est-à-dire la proportion de mensualités impayées depuis plus de deux mois. Comme le montre notre tableau, cet indicateur s’échelonne de 0% des projets financés à… 8,20%, prouvant, s’il le fallait, qu’un tel placement n’est pas dénué de risques. Si la PME concernée finit en liquidation judiciaire, c’est en effet l’intégralité du capital restant dû que vous aurez perdue. «Pas sûr que la décision du gouvernement de relever de 1.000 à 2.000 euros le plafond de prêt par projet envoie un bon signal !», note d’ailleurs Olivier Goy, fondateur de Lendix, la plus grosse plate-forme. Quant aux minibons, officialisés fin octobre 2016 et dédiés au financement de PME de plus de trois ans, ils n’imposent, eux, aucune limite de prêt ! Bref, même si depuis le 1er janvier 2016 les pertes en capital sont déductibles des intérêts perçus par ailleurs, mieux vaut diversifier la mise, sur une cinquantaine de projets si possible. Pour cela, préférez les plates-formes accessibles dès 20 à 50 euros, et au volume de projets suffisant, comme Lendix, Unilend, Lendopolis ou Credit.fr.
Fiscalité : Celle des comptes sur livret. En cas de défaut de remboursement, la perte en capital subie est déductible des intérêts perçus au cours de la même année, et des cinq années suivantes, dans la limite d’un plafond de 2.000 euros par projet.
>> FINANCEMENT IMMOBILIER
Rentabilité: de 6 à 15% avant impôts
Perte potentielle: jusqu’à 100% de la mise initiale
Durée: de 1 à 3 ans
Rendement: devrait rester stable en 2017
Avec près de 200 projets financés à travers la France depuis 2014, pour 6.000 logements construits, la promotion immobilière participative commence à faire ses preuves. Parmi ses atouts : une forte rentabilité de 9,8% par an en moyenne, pour une durée d’investissement limitée à dix-huit mois environ, au travers d’obligations le plus souvent, ou de parts en capital. Ses inconvénients : même si aucun sinistre n’a encore été enregistré, rien ne garantit que le programme financé se vendra, ni qu’il sera achevé dans les délais impartis. « Nous n’accusons que 1,2 mois de retard de livraison en moyenne, même si un projet a dérapé de trois mois », détaille Joachim Dupont, cofondateur d’Anaxago, une des principales plates-formes avec Wiseed et Lymo. En décalant le remboursement du capital versé et des intérêts , les retards trop importants dégraderont la rentabilité globale de l’opération. En cas d’échec de la commercialisation du programme, enfin, seul le terrain pourra être revendu afin de limiter les pertes. Et ce, à un prix probablement décoté d’au moins 10 à 20%.
Fiscalité : Dans le cas d’une obligation, les coupons, payés en même temps que le capital est restitué, sont soumis aux 15,5% de taxes sociales et au barème de l’impôt sur le revenu. Pour un investissement en actions, les parts sont éligibles au PEA.
>> FINANCEMENT D’ÉNERGIES VERTES
Rentabilité : de 4 à 8% avant impôts
Perte potentielle : jusqu’à 100% de la mise initiale
Durée : de 2 à 5 ans
Rendement: devrait rester stable en 2017
Dans cette variante du financement participatif, il s’agit d’aider des exploitants d’éoliennes ou de centrales photovoltaïques, via des prêts (à taux amortissable, donc) ou via des obligations (à taux fixe, le capital étant remboursé à la fin). Avantage, le risque est plus mesuré qu’avec les autres types de prêts, car EDF s’engage à racheter cette électricité verte à des tarifs garantis. Certains projets consistent aussi en un refinancement d’équipements existants. C’est ainsi que Lendosphere, la plus importante plate-forme du secteur, n’a pour l’heure enregistré aucun défaut sur les 44 projets financés jusqu’ici. Contrepartie de ce risque moindre, les taux à attendre ne dépassent pas, en général, 6 à 7%. Privilégiez les projets proches de chez vous : la loi de 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte encourage les développeurs à associer « les habitants […] à proximité ». Ce qui se traduit le plus souvent par un bonus de rendement, compris entre 1,5 et 2 points. « Sur un projet d’éoliennes dans le Loiret, le taux a été porté de 4,5 à 6% pour les riverains immédiats », souligne Laure Verhaeghe, cofondatrice de Lendosphere.
Fiscalité : Identique à celle du prêt aux PME ou, dans le cas d’obligations, au financement immobilier.
LE PRÊT PARTICIPATIF NE FINANCE-T-IL QUE DES CANARDS BOITEUX, REFUSÉS PAR LES BANQUES TRADITIONNELLES ?
Alors que certains taux de défaut dépassent les 8%, on peut se demander si les plates-formes de crowdlending ne récupèrent pas les dossiers trop risqués, retoqués par les réseaux bancaires. D’autant que quelques-uns des sinistres à déplorer sont curieusement survenus dès le début du prêt… S’il n’est pas exclu que certains patrons de PME en difficulté se soient rabattus sur les plates-formes, rappelons que la plupart d’entre eux y recourent parce qu’ils peuvent s’y financer en quinze jours en moyenne, et sans engager de garantie personnelle.
>> GIRARDIN INDUSTRIEL
Rentabilité : de 10 à 15%
Perte potentielle : supérieure à la mise initiale
Durée : 5 ans
Rendement: devrait baisser en 2017
Le principal atout de cette niche fiscale est d’échapper au plafonnement de 10.000 euros par an, ce qui permet d’effacer de gros montants d’impôts. Dans le détail, il s’agit de financer des PME implantées outre-mer en achetant du matériel avant de le leur louer. Le risque est que l’exploitant fasse faillite dans les cinq ans, ce qui provoquera la reprise de l’avantage fiscal. Il se peut aussi que le locataire soit mal assuré et que vous soyez alors responsable sur vos deniers personnels en cas d’accident grave. « C’est pourquoi il faut choisir un intermédiaire de confiance, qui souscrira les assurances de responsabilité civile nécessaires », explique Mélanie Kabla, directrice commerciale d’Ecofip. Il faudra d’autant plus redoubler de prudence que le dispositif, prorogé jusqu’à fin 2025 dans les COM (Polynésie…) et en Nouvelle-Calédonie, sera graduellement réservé, dans les DOM (Guyane, Guadeloupe, etc.), à des entreprises de plus en plus petites, et donc fragiles, avant de s’éteindre complètement au 1er janvier 2021.
Fiscalité : La réduction d’impôts représente 44% du montage en plein droit (34% des montages avec agrément), dans la limite d’un plafonnement de 18.000 euros par an. Mais, comme l’avantage fiscal n’est retenu qu’après déduction de la part rétrocédée à l’exploitant, celui- ci peut grimper à 40.909 euros en plein droit (52.941 euros pour les montages agréés par Bercy).
>> GIRARDIN HLM
Rentabilité : 12% en moyenne
Perte potentielle : supérieure à la mise initiale
Durée : 5 ans
Rendement: devrait baisser en 2017
Dans sa déclinaison HLM, le Girardin consiste à financer la construction de logements sociaux, avec un risque plus faible, les entreprises bénéficiaires étant des organismes semi-publics. Ce bonus est lui aussi condamné à disparaître, pour être remplacé par un crédit d’impôt, versé par l’Etat aux constructeurs. Il sera ainsi supprimé dès fin 2017 dans les DOM, et en 2025 dans les COM. Autant dire que les opportunités vont se faire rares et que les bail leurs sociaux se montreront peu généreux avec les investisseurs. «La rentabilité a fortement baissé, aux alentours de 12%», confirme Jérôme Devaud, directeur général délégué d’Inter Invest, un opérateur reconnu.
Fiscalité : La réduction d’impôts représente 30% du montage, dans la limite d’un plafonnement spécifique de 18.000 euros par an. Mais comme l’avantage fiscal n’est retenu qu’après déduction de la part rétrocédée à la société HLM, celui-ci peut grimper à 60.000 euros.
Retrouvez l’ensemble de l’article dans le magazine Capital de janvier 2017