Jeremie Berrebi : « Kima15 a financé 14 entreprises et nous souhaitons accélérer le processus »

Jeremie Berrebi : « Kima15 a financé 14 entreprises et nous souhaitons accélérer le processus »

Pour bien commencer la semaine, la rédaction de Maddyness propose à ses lecteurs un nouveau rendez-vous baptisé NewsOffStartups. Celui-ci a pour vocation de détailler et d’approfondir les sujets politiques et économiques à propos de l’écosystème startups français. Il y a presque un an, Kima Ventures lançaitKima15, un dispositif de financement qui avait pour but de simplifier la levée de fonds des entreprises innovantes en apportant 150 000 dollars contre 15% du capital. Jeremie Berrebi, cofondateur de Kima Ventures, établit un premier bilan de ce dispositif pour Maddyness.

 

Quel est votre premier bilan de Kima15 ?

Nous avons reçu plus de 1 260 projets et nous avons sélectionné 14 sociétés, dont cinq américaines, deux du Royaume-Uni, une française, une allemande, une italienne, une espagnole, une australienne, une brésilienne et une israélienne. Nous venons de boucler ce dernier investissement la semaine dernière. Nous allons sûrement financer deux à trois sociétés supplémentaires d’ici la fin de l’année.

Ce dispositif a donc financé 14 sociétés, soit beaucoup moins que prévu initialement. Pourquoi ?

Nous sommes effectivement loin de l’objectif des cinquante sociétés financées via Kima15, comme nous l’avions annoncé. Dans certains cas, le closing met beaucoup plus de temps que ce que nous avions prévu initialement. Nous pensions pouvoir le boucler en cinq jours, mais avec certaines obligations légales et le fait que certaines entreprises soumettant un projet à Kima15 ne sont pas encore créées, cela nous prend en moyenne un à deux mois. Nous travaillons actuellement pour accélérer les processus.

Comment souhaitez-vous y parvenir ?

Nous étudions plusieurs pistes dont la possibilité d’investir via des obligations convertibles (Convertible Notes), qui peuvent se boucler en une demi-journée seulement si l’entreprise existe. Toutefois ce modèle peut être un peu risqué, car nous disposerons de moins d’informations sur l’entreprise que nous finançons. Mais, si nous utilisons déjà régulièrement cet outil de financement aux Etat-Unis pour nos investissements Kima Ventures, cela reste une simple piste de réflexion pour Kima15.

Avez-vous également d’autres projets pour améliorer le fonctionnement de Kima15?

Tout à fait. Il nous faut progresser afin d’avoir des propositions plus construites, dès le début. Nous avons tellement simplifié le formulaire de demande que nous avons vraiment eu trop de propositions qui n’avaient que le stade d’idée, sans aucun business model ! Même si nous cherchons bien à amorcer des startups et que nous investissons tôt, nous avons trop souvent des propositions trop peu matures. Nous allons donc mettre une barrière à l’entrée afin d’augmenter l’automatisation de la disqualification. Le but est d’être plus strict en amont afin de perdre moins de temps à éliminer des projets qui n’ont pas leur place chez Kima15 et avoir plus de temps pour analyser les dossiers à potentiel.

Quels sont alors les dossiers prometteurs pour Kima 15 ?

Pour nous, ils correspondent à des sociétés qui peuvent prendre de l’envergure grâce à notre apport de 150 000 dollars. Et atteindre une prochaine étape – un « milestone » – différente. Cette somme doit permettre à l’entreprise d’atteindre un objectif d’envergure, comme de lancer son produit, de devenir rentable ou d’avoir une croissance suffisante pour préparer un nouveau tour de table. C’est l’un de nos principaux critères de sélections

Le fait de prendre 15% du capital pour 150 000 dollars est simple. Mais n’est-il pas à l’usage trop rigide alors que les entreprises n’ont pas toute la même valeur ?

Pour tous, cela apporte de la simplicité, ce qui nous permet de financer des entrepreneurs qui ne sont pas toujours matures en termes de financement, de connaissance de l’écosystème du capital développement et de communication auprès d’investisseurs potentiels. Les entrepreneurs qui soumettent leur dossier s’engagent à céder 15% du capital contre un financement de 150 000 dollars.

Cela étant dit, nous ne sommes pas dogmatiques. Il nous est déjà arrivé de prendre 20% d’une société dans Kima15 car il y avait un risque plus important et que le marché visé était plus petit. Nous avons donc proposé de rentrer à une valeur plus faible. À l’opposé, nous avons également accepté de prendre seulement 12% car un investisseur voulait entrer au capital à notre côté. Pour ne pas trop diluer le fondateur et parce que la société était prometteuse, nous avons accepté de concéder trois points du capital. Nous nous offrons cette flexibilité. Pour autant, cela reste une exception. Kima15 doit conserver son identité et les entrepreneurs qui soumettent un projet sur Kima15 ne doivent pas s’attendre à pouvoir négocier quoique ce soit. Pour les autres financements, avec des possibilités de négociations, il y a Kima Ventures. Nous avons alors plus de liberté.

Kima Ventures a donc la volonté de se développer ?

Nous avons doublé nos capacités d’investissement, en passant de 50 à 100 entreprises financées par an. Nous ferons déjà plus de 80 investissements via Kima Ventures en 2014. J’étais le seul à gérer Kima Venture jusqu’à juillet 2013 et j’ai désormais deux adjoints qui m’aident à étudier et chiffrer les dossiers. Cela est indispensable si nous voulons passer à deux ou trois entreprises financées par semaine.

Nous avons aussi développé des outils d’analyses et de suivi plus élaborés qu’auparavant. Pour finir, nous améliorons en permanence la valeur que nous amenons aux startups du portefeuille. Kima Ventures n’est pas un fonds comme les autres. C’est de la pur « smart money » apportant un réseau de relations avec d’autres entreprises dans le monde, des avantages financiers pour l’utilisation de certaines plate-formes techniques ou services (comme nos Perks qui doublent la valeur de notre investissement sans dilution supplémentaire pour les fondateurs) et un support permanent.

Par ailleurs, dans la galaxie startup de Xavier Niel, il y a aussi l’école 42 et la halle Freyssinet. Avez-vous des liens avec ces projets ?

Tout d’abord, Kima Ventures n’est pas impliqué directement dans ces projets. Nous sommes cousins, en quelque sorte. Nous aurons sans doute un bureau au sein de la Halle Freyssinet afin d’avoir un contact direct avec le millier de startups qui va s’y installer mais ce n’est pas encore acté. En parallèle, nous observons de près les étudiants de l’école 42. Ce sont des candidats idéaux pour Kima, notamment Kima15. Nous trouverons peut-être parmi eux le futur Mark Zuckerberg.

De manière plus générale, tous ces projets luttent contre la faiblesse principale des startups françaises : le manque de visibilité à l’international. Les investisseurs étrangers qui ne nous regardent même pas. Pendant des années, les équipes d’acquisitions de Google refusaient de rencontrer des startups françaises ! Nous avons tout de même eu la chance de leur vendre Sparrow, première société française. Les choses évoluent ainsi dans le bon sens.

Avoir un lieu comme la halle Freyssinet, massif et visible, et former les meilleurs ingénieurs, cela nous permettra de prouver notre capacité d’innovation et de régler notre problème d’image ! Ces projets et beaucoup d’autres qui existent en France aujourd’hui aideront la France à passer le prochain millénaire sans souci. En effet, seul le secteur de la High-tech pourra lutter contre la crise économique et le chômage. Pour cela, il faut promouvoir et soutenir au maximum nos entreprises innovantes.

 


Article publié sur Maddyness 

 

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