Ligne TGV Lyon-Turin : malgré l’interdiction, les opposants appellent à manifester dans les Alpes

Ligne TGV Lyon-Turin : malgré l’interdiction, les opposants appellent à manifester dans les Alpes

Les Soulèvements de la Terre, menacés de dissolution, mobilisent les opposants ce week-end dans Vallée de la Maurienne pour arrêter le chantier du tunnel ferroviaire Lyon-Turin. La préfecture de la Savoie a fait interdire la manifestation prévue ce samedi 17 juin.

Tensions à l’horizon en vallée de Maurienne au pied des Alpes. La préfecture de la Savoie a fait interdire le rassemblement contre la construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin (Italie) prévu ce week-end face à « des risques de débordements », « d’intrusions » et « de dégradations ». Mais la manifestation internationale « aura bien lieu » samedi 17 juin et dimanche 18 ont fait savoir dans la foulée Les Soulèvements de la Terre, dont le président de la République Emmanuel Macron a annoncé cette semaine vouloir relancer le processus de dissolution.https://platform.twitter.com/embed/Tweet.html?embedId=twitter-widget-1669407031441195008&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1669407031441195008&lang=fr


Avec son homologue italien No Tav, et dix autres organisations, dont Sud-Rail et la Confédération Paysanne, le collectif écologique appelle à manifester « pour la défense de la montagne et de l’eau » à proximité du chantier de creusement du plus grand tunnel ferroviaire d’Europe permettant de relier les deux villes en 1 h 47 contre 3 h 43 aujourd’hui. Une nouvelle ligne pour laquelle « 93 % des Français et 86 % des Italiens se disent favorables, un chiffre qui s’élève à 77 % pour les habitants de la vallée de la Maurienne », selon un sondage réalisé par BVA. Ce dernier a été commandé en mars dernier par le Tunnel Euralpin Lyon Turin, la société franco-italienne chargée de la liaison ferroviaire transalpine Lyon – Turin.


Pas moins de « 2 000 gendarmes et policiers » seront déployés sur place, ainsi que 70 pompiers et personnels de secours. Comme à Sainte-Soline (Deux Sèves), mobilisation marquée par des affrontements d’une extrême violence entre des groupes de manifestants armés de cocktails Molotov et d’engins explosifs et pyrotechniques, Les Soulèvements de la Terre, ont prévu des équipes de « soin ». Une centaine d’interdictions administratives du territoire ont été prononcées en amont.

« Projet archaïque » selon les opposants

Les Soulèvements de la Terre jugent le projet archaïque et dangereux : « Déjà des dizaines de sources drainées par les machines ont tari ou perdu du débit, des nappes phréatiques ont été percées, 1 500 hectares de terres agricoles seront artificialisés ». Ils prônent une solution alliant le retour à une consommation plus locale et une meilleure exploitation de la ligne existante qui n’est utilisée, selon eux, qu’à 20 % de sa capacité de fret. « L’infrastructure date du XIXe siècle et on ne peut pas massifier le trafic pour des raisons de sécurité », corrige Stéphane Guggino, délégué général de la Transalpine, un comité visant à faciliter la réalisation de la liaison ferroviaire à haute capacité. Et d’ajouter : « Le projet ne videra pas les Alpes de son eau. Il y a une vraie différence entre militance et compétence sur ce sujet ! »

11 km sur 57 creusés

Les partisans du projet arguent qu’il est trop tard pour arrêter. Sur les 57 kilomètres prévus pour relier la France à l’Italie, 11 kilomètres ont déjà été creusés côté français. Les financements européens sont liés à l’avancement du projet et l’Italie, plus mature sur le sujet, commence à dénoncer le retard pris de notre côté des Alpes. La semaine dernière, des maires de la métropole Grand Lyon sont se sont déclarés ouvertement favorables. « Nous craignons de perdre les subventions et l’opportunité économique que cela représente », explique Gilles Gascon, maire LR de Saint-Priest (69). Il adhère à la Transalpine et a organisé la semaine dernière ce rassemblement des 42 maires de la Métropole Grand Lyon (comprenant 59 communes) en faveur du Lyon-Turin.

Jusqu’à 6 000 camions par jour sur l’autoroute

Sur le terrain, dans les Alpes, la bataille de l’opinion est lancée. Des édiles appellent de leurs vœux la finalisation du tunnel, comme le maire PS de Fourneaux (700 habitants) François Chemin : « Pour le moment, nous avons 4 000 à 6 000 camions par jour sur l’autoroute de la Maurienne et un report modal limiterait fortement la pollution de l’air. Mais surtout, si le passage à Vintimille sur la côte d’Azur ou celui du tunnel du mont Blanc venait à fermer, le poids politique de la Maurienne ne nous prémunit pas contre un report massif sur nos routes. » À plus court terme, il redoute aussi la manifestation de ce week-end.  « Les organisateurs de cet évènement me sont sympathiques mais, comme l’invitation est très ouverte, je crains des dégradations possibles en queue de manifestations. »

Un rassemblement « festif et déterminé »

« Nous espérons 3 000 personnes et nous préciserons le lieu de rendez-vous en temps voulu, annonce pour sa part Florian un porte-parole de Les Soulèvements de la Terre. Mais ce ne sera pas comme à Sainte-Soline (contre les méga bassines, NdlR). Le mot d’ordre est « festif et déterminé » ; les réunions se dérouleront principalement dans les champs et nous souhaitons que chacun se sente de venir. » Ainsi, seront prévus des débats, des concerts, des cantines et des « balades naturalistes ». Une base arrière de repli est tout de même prévue par le collectif avec des médecins, des soins psychologiques, une garderie et même des avocats joignables directement en cas d’arrestations.