Pédocriminalité : le maire de Givors sommé de retirer les vitraux du père Louis Ribes
Les derniers vitraux visibles de ce prêtre, accusé de viols et attouchements sur mineurs, se trouvent dans la petite chapelle de Saint-Martin-en-Cornas à Givors (Rhône). L’association de victimes manifeste pour demander leur démantèlement.
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Devant une petite chapelle dans le bourg de Saint-Martin-de-Cornas, à moins de 25 kilomètres au sud de Lyon, sur le territoire communal de Givors (Rhône), se trouve théâtralisée une scène de collages et pancartes interpellant le maire de la ville, Mohamed Boudjellaba, élu Europe Écologie-Les Verts (EELV). Les panneaux demandent le retrait des vitraux du père Louis Ribes, décédé en 1994, accusé de nombreux viols et attouchements sur mineurs.
En ce pluvieux dimanche 7 mai, ce site isolé, désacralisé et apprécié des randonneurs locaux, est désormais occupé des seuls manifestants, journalistes et policiers. Luc Gemet, dont le témoignage a révélé l’affaire Ribes en octobre 2021, explique posément mais fermement : « Ici, il y a trois vitraux. L’un d’entre eux représente un enfant dénudé, en position basse par rapport à Saint-Martin ». Or Louis Ribes, qui signait ses œuvres de majuscules « RIB », faisait poser des enfants lors d’ateliers artistiques des années 1960 à 1990. « Nous étions enfermés avec lui et nous étions agressés avant, pendant, après sa production », décrit Luc Gemet, pour qui ces représentations sont « insupportables ».
Face à ce scandale, les diocèses de Lyon et de Grenoble ont désormais démantelé les peintures et vitraux de celui qui se faisait surnommer le « Picasso de l’Église ». Les villes détentrices de ces œuvres ont également toutes accepté de les retirer, y compris celle de Charly (Rhône), où une pétition a été nécessaire. Toute, sauf Givors.
Le maire a fait appel au ministère de la culture et au Pape
Les trois dernières pièces se situent désormais dans cette petite chapelle sur laquelle se fixent les projecteurs médiatiques. Absent à la manifestation, au courant de la situation depuis le 2 février dernier, le maire a répondu à Ouest-France, par téléphone : « Je respecte la souffrance des victimes. Mais je ne crois pas avoir le pouvoir de décider d’effacer ainsi une partie de notre patrimoine. » Le maire a donc fait appel au ministère de la culture en demandant un débat national et à l’Église en écrivant au Pape.
Le diocèse de Lyon, contacté sur le sujet, se déclare prêt à accompagner financièrement et techniquement la ville pour l’enlèvement des vitraux. Une rencontre est prévue à la mairie début juin. La conseillère régionale Génération écologie Anaïs Widiez, venue à la manifestation en soutien aux victimes, réagit alors : « Si l’Église finance, je ne vois pas ce qui peut empêcher le maire de déposer les vitraux rapidement. »
« Comme le site dépend de la ville, le maire peut simplement décider de les enlever », complète Arnaud Gallais, président de l’association Be Brave France qui lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants. « En tant que victime, quand je vois ces vitraux encore en place, je ne me sens pas entendue, complète Annick Moulin, en crispant ses phalanges sur sa pancarte. Ce genre d’attitude me retourne les tripes mais je ne lâcherai pas. »