Prêts aux PME : des rendements alléchants mais un risque accru en 2021

Prêts aux PME : des rendements alléchants mais un risque accru en 2021

Le financement des entreprises, notamment le crowdfunding, continue d’offrir une rémunération très élevée. Si le prêt aux PME ou aux promoteurs immobiliers vous expose très fortement à un risque de marché, miser sur les énergies vertes semble moins aventureux.

Certes, les produits ici présentés, destinés à financer les besoins des entreprises, petites et grandes, peuvent rapporter jusqu’à 10% d’intérêts par an. Mais c’est en contrepartie d’un risque que la crise sanitaire a encore accru. C’est ainsi que, selon l’assureur spécialisé Euler Hermes, le nombre de défaillances devrait bondir de 32% l’an prochain, soit 62.000 entreprises touchées. Cette vague de faillites pourrait même perdurer jusqu’en 2022, les sociétés bénéficiaires du prêt garanti par l’Etat (PGE) ayant obtenu le droit de décaler leurs remboursements d’une année supplémentaire.

Et ces défauts ne concerneront pas que les PME. Même si le rebond économique attendu pour 2021 pourrait réserver de bonnes surprises sur ce front, mieux vaut jouer la prudence, en limitant la mise placée sur de tels produits. Et en privilégiant les projets solaires ou éoliens, qui bénéficieront du plan de relance et de la visibilité donnée par les tarifs garantis de rachat d’électricité.

Prêt aux énergies vertes : placement qui devrait être en baisse

  • Rentabilité : de 4 à 7% avant impôts
  • Perte potentielle : jusqu’à 100% de la mise initiale
  • Durée : de 2 à 5 ans

Avec un volume en hausse de 74% en 2019, à 67 millions d’euros, selon Financement Participatif France, rien ne semble ralentir le dynamisme du prêt aux énergies vertes. Pas même la récente remise en cause par le gouvernement, pour les centrales solaires financées jusqu’en 2011, des tarifs garantis de rachat de l’électricité produite, trop généreux. «Même si aucun des projets financés sur les plateformes n’est concerné, cela envoie un message inquiétant sur le respect de ses engagements par l’Etat», déplore Laure Verhaeghe, directrice générale de Lendosphere. «Le secteur offre une visibilité appréciable en période de crise, précisément grâce à ces tarifs, qui garantissent une rentabilité sur plusieurs années», complète Stéphane Vromman, directeur général de Tudigo.

Soit, comme l’indique notre tableau, un taux moyen à attendre de 5% brut – pour un risque proche de zéro, seuls deux dossiers ayant été mis en défaut, sur plus de 700 financés. Les projets dans l’éolien pourraient toutefois voir leur rendement fléchir. Les bonifications de rémunération, accordées aux résidents des départements riverains afin de faire accepter l’installation des éoliennes dans le paysage, et qui pouvaient porter le rendement à 7%, ne seront plus en vigueur en 2021.

En revanche, la limitation de certains investissements aux seuls riverains des projets devrait subsister. Si bien que seule une part des dossiers, comprise entre 30% et 93% suivant la plateforme, est réellement accessible à tous les investisseurs, quel que soit leur lieu de résidence. A noter : avec la hausse du plafond de financement à 8 millions d’euros, des investissements sous forme de holdings apparaissent. Vous n’investissez plus alors via un prêt ou une obligation, mais via des actions. «Cela permet de diversifier la mise sur plusieurs projets, mais les montages sont aussi plus complexes», prévient Olivier Houdaille, président de Lumo.

Fiscalité : identique à celle du prêt aux PME. Pour un investissement via une holding, celle des actions de moyennes et petites sociétés françaises.

Comparateur

  • Enerfip : Un rendement plus élevé que la moyenne, pour une mise ultra minime, qui permet de bien diversifier entre les projets. Un dossier en défaut est toutefois à signaler, et se trouve actuellement à la barre du tribunal de commerce.
  • Lendopolis : La plateforme, devenue filiale de la Banque postale et initialement dédiée au financement de PME, s’est entre autres reconvertie dans les énergies vertes. Avec succès, puisque 20% des projets ont d’ores et déjà été débouclés, sans casse.
  • Lendosphere : Le leader du secteur, qui a déjà débouclé avec succès plus d’un tiers des dossiers financés. Autres atouts : une large proportion de projets proposés sur des durées courtes, et ouverts à tous les investisseurs, quelle que soit leur adresse.
  • Lumo : Rassurant : la plateforme a été rachetée par la Société générale en 2018. Elle cherche à proposer une grande diversité de projets, y compris dans l’hydroélectricité (4,7 % de rendement moyen) et la géothermie (5,4%).
  • MiiMOSA : Le prêt aux énergies vertes n’est qu’une partie de l’activité de cette nouvelle plateforme, dédiée à la transition agricole et alimentaire. Elle est en pointe sur le financement de projets de méthanisation (5,75% de rendement).
  • Tudigo : Des taux de rendement alléchants pour cette plateforme généraliste. Mais le nombre de projets débouclés est encore insuffisant pour juger de la qualité des dossiers. Et la part de financements ouverts à tous reste faible.
  • Wiseed : Les projets les plus rentables de notre panel, égaux ou supérieurs à 5,5%. Dommage que la plateforme refuse de communiquer les éventuels retards de remboursement à d’autres personnes que les investisseurs concernés.

Prêts aux PME : placement qui devrait être en baisse

  • Rentabilité : de 3 à 9% avant défauts et impôts
  • Perte potentielle : jusqu’à 100% de la mise initiale
  • Durée : de 2 mois à 5 ans

Suspension de l’amortissement en capital durant trois mois, reports complets d’échéances négociés au cas par cas, etc. Avec la crise sanitaire, les plateformes spécialisées dans le prêt aux PME ont multiplié les mesures d’urgence à l’égard de leurs emprunteurs. De quoi limiter les dégâts, au moins temporairement. «Le paradoxe est que le taux de défaut de ces prêts ne s’est pas encore envolé, grâce à la mise en place du PGE et du fonds de soutien», reconnaît Olivier Goy, cofondateur d’October. Mais les investisseurs doivent s’attendre, à terme, à une hausse des défaillances, qui viendront raboter le rendement net de ces prêts, de 4,04%, par exemple, chez October.

Pour ne rien arranger, les investisseurs sont aussi confrontés à une pénurie de nouveaux dossiers, les PME privilégiant bien évidemment le PGE, accordé au prix presque coûtant de 2%, plutôt que les prêts des plateformes, aux taux supérieurs à 5%. Les plus audacieux pourront viser les entreprises de pays où le PGE est moins favorable, dont les emprunts sont ponctuellement proposés sur October. C’est le cas de l’Italie, ou des Pays-Bas, où la garantie n’est que de 67,5%, pour des rendements de 7 à 8% brut.

Autre option : viser le secteur agricole, dont les exploitants sont moins touchés par la crise sanitaire. La plateforme Miimosa s’en est fait une spécialité, avec 170 projets financés depuis 2015, pour un rendement moyen de 4,6% avant défaut. «Mais le taux de défaillance moyen du secteur n’est que de 3%, contre 6% pour les TPE et PME en général», assure Florian Breton, cofondateur de la plateforme.

Fiscalité : identique à celle des comptes sur livret, qu’il s’agisse d’un prêt rémunéré ou de minibons. En cas de défaut de remboursement, la perte en capital est déductible des intérêts de prêts perçus par ailleurs au cours de l’année et des cinq suivantes, dans la limite de 8.000 euros par an et de 2.000 euros par projet.

Financement immobilier : placement qui devrait être stable

  • Rentabilité : de 5 à 12% avant impôts
  • Perte potentielle : jusqu’à 100% de la mise initiale
  • Durée : de 6 mois à 3 ans

Les retards de remboursement s’accumulent pour les prêts aux promoteurs immobiliers, du fait du premier confinement, qui a bloqué les chantiers durant deux à trois mois, et décalé la livraison des programmes, ce qui déclenche la restitution du capital. Mais les investisseurs n’y perdront pas forcément, puisque aucun vrai défaut n’a pour l’heure été enregistré du fait de la crise, et que l’argent continuera à fructifier. «Les intérêts resteront dus durant toute la durée supplémentaire», confirme David Peronnin, cofondateur de la plateforme Clubfunding.

Certains intermédiaires vont plus loin. «Dans le cas d’un retard lié au confinement, les trois premiers mois seront rémunérés au taux contractuel, et les suivants avec une majoration de 3 points», indique ainsi Maxime Pallain, directeur général de Raizers. L’autre contrecoup du confinement, plus inattendu, est le manque de projets à financer, du fait du retard pris par l’administration dans l’instruction des permis de construire. De nombreuses plateformes compensent ce déficit en proposant à la place des opérations de marchands de biens. Il faut dire que ceux-ci sont, de leur côté, confrontés à des délais de réponse à rallonge de la part des banques.

Ces opérations n’en restent pas moins risquées, et certaines plateformes prennent des précautions. «Les taux d’emprunt sur ces projets ont été relevés, tout comme les exigences de fonds propres à injecter par les emprunteurs», décrit Nicolas Serès, le président de Wiseed.

A noter : le plafond de financement par projet ayant été relevé fin 2019 de 2,5 à 8 millions d’euros, de plus grosses opérations de promotion devraient être proposées. Avec le risque, en cas de retournement du marché immobilier, que les lots se vendent mal, surtout en fin de commercialisation. «Or ce sont ces ventes qui font la marge», prévient Jean-Baptiste Vayleux, directeur général de Lymo, une plateforme spécialisée, à l’inverse, sur les petits projets de centre-ville.

Fiscalité : identique à celle du prêt aux PME.

Retrouvez l’intégralité de l’article sur le site de Capital.fr et le dossier complet dans le magazine de janvier 2021. Retrouvez mes articles pour Capital sur ce site.