Coronavirus : les détails du futur programme d’investissement de l’assurance
La Fédération française de l’assurance (FFA) s’est engagée auprès de Bercy à bâtir un programme d’investissement d’1,5 Md€ pour accompagner la relance des entreprises, en particulier dans les secteurs du tourisme et de la santé. Antoine Lissowski, directeur général de CNP Assurances, à l’initiative du lancement de ces nouveaux fonds, nous dévoile les grandes lignes de ce programme.
Pourquoi avoir opté pour la relance des fonds Novo, Novi, Nova ? Pourquoi cet outil ?
Face à cette crise sanitaire inédite, nous avons décidé qu’il était temps d’agir concrètement pour soutenir l’économie et les entreprises, notamment les petites et moyennes, et préparer la relance de l’économie. Très vite, nous nous sommes dit que nous pouvions capitaliser sur un savoir-faire et une mécanique de gouvernance qui fonctionne puisque nous avions déjà lancé avec succès les fonds Novo en 2012. Cependant, il ne s’agit pas simplement de relancer la machine telle qu’elle existait. Nous souhaitions aller plus loin et participer à l’effort d’investissement en période de crise. Nous avons donc opté pour trois compartiments. Nous avons en premier lieu décidé de réactiver les fonds qui ont fait leur preuve pour pouvoir investir rapidement; puis de sélectionner de nouveaux asset managers pour ouvrir à la concurrence; et enfin de créer un nouveau fonds fléché vers le financement des besoins du secteur de la santé. Nous allons également apporter notre soutien au secteur du tourisme touché de plein fouet par la crise en lui consacrant 10% du total des fonds levés.
Concrètement, comment vont se structurer ces fonds ?
Avant de parler de structuration, précisons les montants qui seront investis. Nous avions réalisé un premier tour de table qui avait permis d’obtenir la promesse de lever 1 milliard d’euros puis les engagements des différents assureurs ont été portés à 1,5 milliard d’euros. Ce montant sera réparti à raison de 20% sur la réactivation des fonds historiques, de 40% sur l’ouverture à d’autres assets managers et de 40% sur la santé. En termes d’outils financier, un peu plus de 50% sera en equity et le reste en obligations et prêts.
Quel va être le rythme de lancement ?
Nous devons intervenir le plus rapidement possible sans pour autant confondre vitesse et précipitation. La première étape consistera à sélectionner les asset managers conformément à chaque type de fonds que nous lançons, en coordination avec la Fédération française de l’assurance (FFA), la CDC et les différents assureurs de la place. Le choix sera fait alors conjointement par le comité d’investissement. Il sera ensuite rapide de réactiver les fonds existants et de lancer le nouveau fonds dédié à la santé.
Quels sont les défis qu’il vous reste à affronter ?
L’enjeu va être en premier lieu de trouver des asset managers capables de réaliser les bonnes allocations d’actifs, avec un cahier des charges exigeant en amont et un contrôle efficace en aval. Sur la structuration des fonds dédiés à la santé notamment, certaines interrogations demeurent. L’objectif est d’encourager la recherche, de financer l’équipement des hôpitaux ou d’aider à la relocalisation de la production de certains médicaments… Comment gérer des rythmes très différents entre le développement de l’infrastructure d’un hôpital, celui de nouvelles molécules que l’on doit soumettre à autorisation et des investissements classiques dans une usine de production de médicaments ? C’est une filière d’investissement entière qu’il faut structurer. Heureusement, avec l’expérience des différents assureurs et des asset managers, nous ne partons pas d’une page blanche. Par exemple, CNP Assurances a participé en janvier dernier au lancement d’un fonds santé dédié au secteur des biotechs et biopharmas appelé Jeito. Quoi qu’il en soit nous sommes dans notre rôle d’assureur et d’investisseur de long terme… et ça ce n’est pas nouveau.
Propos recueillis par Morgane Remy
Retrouvez l’article en ligne sur le site de L’Argus de l’assurance