Climat : l’ACPR et l’AMF réclament plus de transparence des assureurs
Dans un rapport commun, l’ACPR et l’AMF encouragent les assureurs à faire preuve d’un peu plus de transparence et d’homogénéité dans les méthodes utilisées pour mesurer leurs engagements dans la lutte contre le réchauffement climatique.
« Les institutions financières continuent à multiplier leurs annonces publiques en faveur du climat, au travers d’engagements individuels et collectifs », annoncent les autorités financières AMF et ACPR dans un rapport publié fin d’année dernière et diffusé en janvier. En effet, la communication est active : neuf des dix-sept compagnies d’assurances ont publié de nouveaux engagements en 2020.
Pêle-mêle, elles promettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de s’aligner sur les objectifs de l’Accord de Paris, de sortir des énergies fossiles et d’investir dans l’économie verte. Si le rapport salue le fait que tous les assureurs de la place aient désormais défini une date de sortie du charbon et ont par ailleurs mis en place des critères d’exclusion plus exigeants vis-à-vis de cette énergie, il nuance aussitôt : « les efforts méthodologiques à accomplir restent très importants, à la fois en termes de transparence de l’information, d’homogénéité des définitions et de suivi des expositions dans un souci de comparabilité et de fiabilisation des données sur l’ensemble des expositions aux énergies fossiles. »
Mesurer les résultats
En clair, derrière les annonces, difficile de mesurer concrètement les effets de ces décisions. Le problème est que le marché manque de standard actuellement. Par exemple, le concept d’énergies conventionnelles est à géométrie variable. Et le rapport ajoute : « en ce qui concerne le calcul des expositions au pétrole et au gaz, les estimations apparaissent très fragiles ». Les référentiels comme les listes Global Oil and Gas Exit List (GOGEL), de l’ONG Urrgewald pourraient servir de référence mais ne sont que rarement retenus.
Tout en prenant du recul sur les données fragiles collectées, le rapport communique une exposition au charbon et au pétrole de l’exposition à environ 155 Md€ pour les banques, et à un peu moins de 30 Md€ pour l’assurance en 2020.
Au-delà de la difficulté de mesurer l’exposition des assurances aux énergies fossiles, une autre critique est émise par les autorités prudentielles sur la volonté réelle des assureurs de se désengager en cas de non-respect des exigences climatiques. Ainsi, six organismes d’assurance sur dix-sept seulement prévoient la possibilité de cession des titres en cas de refus répété d’adoption ou de mise en œuvre d’une stratégie de décarbonation compatible avec l’objectif « net zéro ».
Le coût des cat’ nat’ multiplié par 5 ou 6
Enfin, l’ACPR en profite pour rappeler que les assureurs sont doublement exposés au risque climatique, puisque ce dernier affecte à la fois l’actif et le passif. Et de réaffirmer : « les risques associés à l’augmentation de la fréquence et du coût des événements climatiques extrêmes, y compris l’augmentation induite de la mortalité et des maladies tropicales, ont des conséquences directes sur la tarification des polices d’assurance et peuvent, à terme, poser la question de l’assurabilité de certains risques, avec des implications éventuelles pour les politiques publiques. À l’issue de son premier stress test climatique, l’ACPR avait en effet mis en évidence que le coût des sinistres pourrait être multiplié par 5 ou 6 dans certains départements français entre 2020 et 2050.
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